Nil Scientifique

CENTRALE RADIOACTIVE

 Le 28 décembre 2012, le seul réacteur nucléaire de la province de Québec, Canada, sera

mis en arrêt et cessera de produire de l'électricité.

 

Le démantèlement de la centrale doit ensuite se poursuivre jusqu'en 2060 pour la somme

de 1,8 milliard , selon la prévision d'Hydro-Québec.

 

Dans un nouveau rapport présenté par la société d'État, le projet de réfection de ce réacteur Candu, prévu pour 2008, n'est plus justifié sur le plan financier.

 

Si cette réfection était à l'époque estimée à i,9 milliard, Hydro-Québec évalue maintenant

qu'il en coûterait plutôt 4,3 milliards.

 

Ces dépenses faramineuses engendreraient un coût de production d'électricité de 12,3 ¢

le kW au lieu de 8,6 ¢ le kWh selon l'ancienne estimation.

 

Hydro-Québec fait valoir que plusieurs facteurs ont affecté la justification financière de

la fermeture de cette centrale mise en service en 1983 et dont la vie utile était de 30 ans.

 

On avance notamment les difficultés majeures constatées lors de la réfection de Pointe

Lepreau, au Nouveau-Brunswick.

 

Cette centrale jumelle de Gentilly-2 a subi des retards et des dépassements de coûts

importants faisant gonfler la facture à 2,4 milliards.

 

Hydro-Québec souligne aussi le fait que, depuis 2008, le contexte de marché a changé,

notamment en raison de la baisse spectaculaire du prix du gaz naturel et de l'électricité,

associée à la production du gaz de schiste aux États-Unis.

 

«Dit autrement, la réfection amputerait les résultats annuels d'Hydro-Québec de 215

millions en 2017 et pour les années subséquentes» souligne le rapport.

 

Pour le spécialiste en énergie et professeur d'économie à l'Université d'Ottawa, Jean-

Thomas Bernard, il ne fait aucun doute qu'un scénario de réfection n'est pas économiquement rentable.

 

«C'est difficile de voir revenir à une situation où une centrale serait compétitive.

 

C'est le prix du gaz qui fournit une compétition féroce. Même dans l'éolien, on est rendu à 8 à 10 ¢ le kWh» fait-il valoir.

 

«Développer avec l'idée qu'on va aller vendre sur un marché extérieur à profit, ça ne

marche plus. Le prix du gaz a chuté et les prévisions, c'est que ça va rester bas pour

environ 15 ans» explique M. Bernard.

 

Selon ce dernier, Hydro-Québec pourrait au besoin se rabattre sur la centrale thermique

TransCanada Énergie, maintenant en état de sommeil soutenu.

 

Située près de Bécancour, cette installation fonctionne au gaz naturel pour produire de

l'électricité.

 

La fermeture de Gentilly-2 inquiète l'ingénieur nucléaire et professeur à l'Université de Sherbrooke, Marcel Lacroix, auteur du livre Le nucléaire démystifié.

 

Ce dernier estime que la fermeture et le déclassement de la centrale est une « décision lourde de conséquence à long terme».

 

M. Lacroix fait notamment remarquer que si le portfolio énergétique du Québec est riche, il est aussi à haut risque.

 

«90% de notre électricité provient de l'hydroélectricité, c'est beau mais (...) d'un point de vue de la sécurité énergétique, on aurait intérêt à diversifier notre portfolio».

 

Selon M. Lacroix, la province devrait songer à produire de l'électricité à proximité des grands centres urbains, que ce soit avec des centrales nucléaires ou au gaz, ou encore avec des parcs éoliens.

 

«Par exemple, on a eu un avant-goût pendant la crise du verglas en 1998. On produisait de l'électricité dans le Nord du Québec, mais elle ne se rendait pas dans le Sud» indique-t-il. Et ce dernier ajoute que c'est notamment Gentilly-2 qui avait alors sauvé la situation.

 

M. Lacroix prédit aussi que l'eau sera le «pétrole du XXIième siècle».

 

«Eat-ce que dans 20-30 ans, l'on pourra se payer l'eau qui s'en va vers le Nord pour être turbinée? Peut-être qu'on va être obligé de la dévier tout de suite pour notre propre, pour nos terres agricoles», est-il d'avis.

 

Cet expert craint que la fermeture de Gentilly-2 n'engendre une perte d'expertise du nucléaire qui s'est développée depuis quarante ans au Québec.

 

Pour le professeur au département de génie électrique de l'Université Laval, Michel Duguay, la fermeture de la centrale est une «victoire pour tous les Québécois».

 



14/10/2012
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