Nil Scientifique

LE MYTHE DE LA PLEINE LUNE DÉTRUIT

 

 

 

 

Il y a des mythes qui ont la peau dure.

 

Celui voulant que la pleine lune provoque des crises de folies ou que les gens atteints de maladie mentale sont plus actifs ces nuits-là fait partie du lot.

 

Une équipe de chercheurs des Université Laval et de Montréal s'y est quand même attaqué cette année.

 

Il y a longtemps que la légende court. Assez pour avoir fait sa marque sur la langue 

comme en atteste le mot lunatique.

 

Ses défenseurs font valoir qu'à la pleine lune, l'astre nocturne est du côté opposé du Soleil, ce qui fait que son attraction gravitationnelle agirait dans le même axe que la

gravité solaire.

 

Cela provoque, font-ils valoir, des marées plus prononcées (ce qui est vrai). Comme le

corps humain est composé à 70% d'eau, il doit en sentir les effets, ce qui est beaucoup plus contestable.

 

La gravité, en effet, agit surtout à grande échelle et, à la surface de la terre, l'attraction lunaire exerce une force comparable à la gravitation entre deux personnes à un mètre

l'une de l'autre.

 

Quand on songe à tout ce qui nous entoure, autant dire qu'il s'agit d'un murmure dans

un océan de bruit.

 

Aucune étude n'a jamais corroboré ce mythe. Malgré cela, "dans les urgences, 80% des infirmières et 64% des médecins croient que le cycle lunaire affecte la santé mentale de leurs patients.

 

Cette croyance est plus répandue chez les professionnels de la santé que dans les autres corps de métier", écrivent les auteurs de l'étude, parue cet automne dans la revue 

savante General Hospital Psychiatry. C'est d'ailleurs ce qui a donnée l'idée de cette étude.

 

L'histoire de ce projet-là, se souvient la psychiatre de l'université Laval, première auteure de l'étude, c'est qu'on était un de groupe de chercheurs qui étudiaient les gens

qui se présentent à l'urgence avec des douleurs thoraciques non cardiaques et inexpliquées.

 

"Nous voulions évaluer la prévalence des attaques de panique chez ces gens-là. Nous sommes allés dans les urgences durant deux ou trois ans.

 

Cette façon de faire a bien sûr fini par créer des liens avec le personnel. En jasant, on se faisait souvent dire des choses comme: Ah! là, c'est la pleine lune, alors tu vas avoir 

plus de participants pour ton étude.

 

Une fois l'étude complétée, on s'est dit, tiens nous avons assez de données pour le vérifier, alors pourquoi ne pas le faire".

 

Douleurs inexpliquées      

 

L'article se base donc sur 1059 patients qui se sont présentés avec des douleurs à la poitrine à l'Hôtel-Dieu de Lévis et à l'Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal, entre mars

2005 à avril 2008, et qui ont accepté de participer à l'étude.

 

Du nombre, ceux dont la souffrance pouvait s'expliquer par un problème cardiaque, une blessure ou d'autres raisons du genre furent exclus, ce qui a laissé un échantillon

de 771 participants.

 

Selon la docteure Belleville, la douleur à la poitrine, tant qu'elle ne développe pas un problème physiologique, est un bon indicateur de santé mentale.

 

"Quand on fait une attaque de panique,le souffle est court et, à la longue, ça peut donner une douleur à la poitrine, dit-elle.

 

Les gens qui sont stressés vont aussi rapporter des douleurs à la poitrine, et quand on a

ça de façon très intense, c'est possible de confondre ce symptome-là avec une crise

cardiaque.

 

Quand on a beaucoup d'émotion, la boule dans la gorge, la sensation d'être opprimé au

niveau de la poitrine, se sentir coincé au niveau thoracique, c'est courant".

 

Tous les participants avaient été interviewés dans le cadre de la première étude, afin d'en faire un portrait psychologique. Ils furent classés en quatre catégorie, soit les attaques de panique, les troubles d'anxiété, les troubles de l'humeur comme la dépression, et les idées suicidaires.

 

Il ne restait donc qu'à croiser leur date d'admission à l'urgence avec les cycles lunaires,

ce qui a tout de même demandé une bonne job de bras.

 

 

Une croyance à abandonner  

 

 

Résultat : 190 patients se sont présentés avec des douleurs thoraciques inexpliquées

pendant la pleine lune ainsi que les trois jours la précédant et la suivant, un nombre qui est très. très proche de ceux de la nouvelle lune (192) et du dernier quartier de lune

(189).

 

Il y a bien eu moins de patients lors du premier quartier de lune (146), mais on voit bien mal comment cela pourrait appuyer les croyances sur la pleine lune.

 

En fait, les chercheurs ont noté une seule différence qui s'est avérée signicative, d'un point de vue statistique : il y a eu moins de cas liés aux troubles de l'anxiété pendant

le dernier quart du cycle lunaire.

  

Mais encore ici, rien à voir avec la pleine lune. La docteure Belleville soupçonne que cela

n'est qu'une fluctuation aléatoire, une possibilité qu'on ne peut jamais écarter complètement.

 

Au final, concluent les chercheurs,"ces résultats devraient encourager les professionnels

des urgences et les médecins à abandonner leurs croyances à propos de l'influence du

cycle lunaire sur la santé mentale de leurs patients.

 

Les croyances comme celle voulant que le cycle lunaire ait un effet sur les patients sont

vraisemblablement maintenues par le phénomène des prophéties autoréalisantes, self-

fulfilling prophecies, ces-à-dire des attentes qui changent les comportements d'une personne de manière à ce que l'attente se concrétise. 

 



02/01/2013
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