Nil Scientifique

LES ARCHIVES DU GRAND NORD (PARTIE 1)

 

 

 

 Le projet ARCHIVES, Analyse rétrospective des conditions hydroclimatiques à l'aide des

indicateurs de leurs variabilités à l'échelle séculaire, c'est un énorme chantier qui s'est conclu cette année, explique Yves Bégin.

 

Ce dernier est directeur de l'Institut national de recherche scientifique-Eau, Terre, Environnement (INRS-ETE).

 

Reconstituer 200 ans de climat sur un territoire à l'échelle du Nord-du-Québec n'est pas une mince tâche en soi.

 

Mais si l'on doit le faire en se passant, à toutes fins utiles, de mesures directes, alors cela devient en quelque sorte un mélange de job de moine et des 12 travaux d'Hercule.

 

Les recherches basées sur la documentation instrumentale étaient plutôt précaires parce

que les plus vieilles stations sont rares dans le nord.

 

Celle de Fort George [aujourd'hui Chisasibi], par exemple, date de 1912, mais il y a un trou de 20 ans dans sa série.

 

On s'est rendu compte que l'on n'avait pas de données assez longues et bien distribuées

dans l'espace pour voir la tendance climatique.

 

Actuellement, la méthode la plus fine qui existe pour reconstituer le climat, c'est la dendro-

chronologie.

 

Comme son nom l'indique, le mot grec dendron signifie (arbre ), la dendrochronologie est

une méthode de datation des arbres basée sur les anneaux de croissance des arbres.

 

Comme la croissance de ceux-ci fluctue d'une année à l'autre en fonction de la température et des précipitations, leurs anneaux ont des épaisseurs différentes d'année

en année, ce qui donne une séquence d'épaisseurs qui est la même chez tous les spécimens d'une espèce.

 

On peut ainsi remonter dans le temps, d'autant plus que plusieurs essences d'arbres peuvent vivre des siècles et que l'on peut prolonger les séquences avec des arbres très

anciens, pour autant que la dernière partie de leurs anneaux de croissance coïncide avec

un bout de séquence bien connu et bien établi.

 

Une fois que l'on sait à quelle année correspond chaque anneau, il devient possible d'en

tirer divers indicateurs du climat passé.

 

Mais encore fallait-il les trouver ces arbres et leurs cernes anciens, ce qui était très loin

d'être facile.

 

Le projet ARCHIVES a couvert un territoire de 600 000 km², à des latitudes allant du lac 

Mistassini à la toundra forestière, de la Baie d'Hudson jusqu'au Labrador.

 

Difficile de s'y rendre et pas facile de trouver les arbres les plus vieux une fois rendu à destination.

 

M. Bégin et son équipe ont dû mettre au point différents trucs pour repérer les plus vieux

peuplement du haut des airs, en hélicoptère.

 

Il regardaient notamment l'absence de pin gris, une essence qui vit 150 ans. Certains arbres ont même été repêchés au fond des lacs, où l'absence d'oxygène les avait

préservés.

 

 



08/01/2013
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