Nil Scientifique

UNE DÉCOUVERTE QUI PRODUIT DES VAGUES

  Une faille méthodologiste découverte par des chercheurs de la Faculté de médecine de

l'université Laval risque de créer un petit tsunami dans le monde de la recherche sur le

X fragile.

 

 

Une méthode utilisée depuis 2001 par la plupart des chercheurs qui étudient le syndrome

du X fragile comporte une faille importante.

 

C'est ce que soutienne le professeur Édouard Khandjian et ses collaborateurs de l'institut

universitaire de santé mentale de Québec dans un récent numéro de la revue PLoS ONE.

 

Cette faille laisse planer des doutes sur les conclusions de certaines études menées depuis

11 ans sur cette maladie.

 

" Il s'agit d'une situation délicate étant donné que certains de ces travaux ont été publiés

dans des journaux de haute visibilité " commente le professeur Khandjian, de la Faculté

de médecine.

 

Le syndrome du X fragile est la principale cause de retard mental hériditaire. Il se manifeste chez l'enfant par un retard mental héréditaire d'apprentissage du language et

par des comportements  hyperactifs ou autistiques. Cette maladie frappe davantage les

garçons (1 sur 4000) que les filles (1 sur 6000).

 

 

Le mauvais fonctionnement neuronal des personnes atteintes serait dû à une déficience

en FMRP (Fragile X Mental Retardation Protein). Normalement, ces protéines se lient

aux ARN messagers produits dans le noyau des neurones et forment, avec d'autres

protéines, des granules d'ARN.

 

Les FMRP baillonnent l'ARN messager jusqu'à ce que les granules soient livrés à la région de la cellule où doit se dérouler la synthèse des protéines, ce qui peut représenter une distance allant jusqu'à un mètre chez l'humain.

 

 

En 2001, l'équipe de Steeve Warren de l'Emory University à Atlanta annonçait avoir mis la main sur un anticorps spécifique au FMRP, le 7G1-1.

 

" Grâce à cet outil, il était désormais possible d'isoler, de doser, d'analyser et de séquencer les FMRP, précise le professeur Khandjian. C'est vite devenu l'outil de travail

de la plupart des grands laboratoires qui étudient le syndrome du X fragile".

 

En 2004, des tests effectués à l'aide de cet anticorps par l'équipe du professeur Khandjian soulèvent les premiers doutes sur la soi-disant spécificité de l'outil.

 

" Nos résultats suggéraient que l'anticorps reconnaissaient simultanément deux protéines, souligne le chercheur. Comme nous étions déjà très occupés avec nos travaux, les choses en sont restées là jusqu'à ce que je présente nos résultats lors d'un

colloque en 2008 ".

 

Réponse du professeur Warren : il y a probablement eu contamination des anticorps

utilisés par l'équipe de l'Université Laval.

 

 

Pour tirer l'affaire au clair, le professeur Khandjian demande l'intervention d'un tiers.

 

L'équipe de John Schrader, de l'University of British Columbia, reprend les expériences

et arrive aux mêmes conclusions que les chercheurs de la faculté de médecine de

l'Université Laval.

 

L'anticorps réagit avec FMRP, mais aussi avec une autre protéine, la Caprin 1.

 

 

" Au delà du problème de spécificité de l'anticorps, la grosse surprise a été que Caprin 1  est un partenaire de FMRP. Les deux protéines fonctionnent de concert dans les neurones pour transporter les granules d'ARN et auraient même certains ARN messagers, ajoute le professeur Khandjian. Il se pourrait que Caprin 1 compense partiellement l'absence de FMRP et permette aux personnes atteintes du syndrome X

fragile de vivre une vie relativement normale".

 

Ces résultats risquent de produire un petit tsunami dans le monde de la recherche sur le X fragile. Il faudra faire un bon ménage dans les études réalisées depuis 2001 à l'aide

de l'anticorps 7G1-1 afin de déterminer ce qui tient encore la route.

 

Les équipes qui recouraient à cet anticorps devront aussi revoir leurs méthodes de travail.



19/09/2012
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